Les vraies vacances, c'est prendre le ferry. C'est marcher sur des quais gigantesquement vides, les épaules accablées par un soleil enclume et contempler des pièces d'industrie dont je ne saisis pas l'utilité.
C'est voir les employés du port ne rien faire.
C'est ressentir le vent imbibé de sel dans mes cheveux qui durcissent à son contact pour devenir collants. C'est regarder bêtement la mer et ses moutons, sa texture foncée de papier craquelé. Etre seul.
C'est aussi croiser des gens qui n'en n'ont rien à foutre de ce que je raconte là.
Ils éprouvent des sentiments forts à l'égard de personnes dont j'ignore l'existence. Leur vie reposent sur des bases que je ne connaîtrai jamais. Cet homme par exemple, avec combien de femmes a-t-il fait l'amour? Qu'aimaient-elles chez lui? Son timbre de voix ou ses mensonges?
Et elle, à quoi pense-t-elle? Pourquoi a-t-elle si peur?
Et eux?
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