vendredi, mars 05, 2010

de la neige à perte de vue

Hier, j'ai voulu publier une récente photo de mon déménagement de Belgique en Suisse. Montrer mon appartement vide et désincarné. Montrer aussi la plante que j'ai cru abandonner et que mon ex-colocatrice a finalement récupéré après que je sois parti, lui accordant un destin inespéré, celui de produire de l'oxygène pendant ses heures de lecture casanières, en échange d'un emplacement périodiquement ensoleillé. J'ai aussi voulu montrer mes amis Jean et Pauline qui m'ont aidé à déménager et qui m'ont accompagné dans ma transhumance autoroutière, rythmée de vents violents, surtout lorsque les forêts ne nous protégeaient plus et que nous traversions des ponts, comme des soldats debout hors de leur tranchée. Notre camion a failli se renverser, plusieurs fois. Ce n'était vraisemblablement pas le moment de nous précipiter loin d'ici. 

Je pourrais épancher ma douce mélancolie sur votre épaule et vous raconter combien ma vie en Belgique fut tumultueuse. Je préfère vous donner à voir cette image que j'ai prise alors que nous nous promenions en raquettes dans le Jura avec trois amis, il y a quelques mois. 



Je  me suis retourné, j'ai trouvé ça bien, sans trop savoir pourquoi j'ai appuyé.
Trois mois plus tard, cette photo parle de mon déménagement et des sentiments qu'il exacerbe. Un chemin étroit et obligatoire que j'ai suivi, poussé par une sorte d'évidence. Je débouche sur un tas de neige, infini et blanc. De la neige. Voilà ce qui m'entoure au moment de la prise de vue. Dois-je comprendre quelque chose de cette image comme on lit l'avenir dans le marc de café ? 

Notre futur est opaque, mais si on se retourne un instant pour revisiter son passé, tout semble alors d'une évidence béante. Nos choix, nos éveils, nos rencontres. Au risque de paraître naïf, j'ai bien peur que nous ne suivions une destinée. 
  

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