dimanche, juillet 25, 2010

autoroute

Tout a commencé par cette enseigne sculptée dans ces hautes herbes. Bienvenue à la cafétéria de la station service. Ce qui sous-entend Ici on fait des efforts pour vous recevoir. Si on remarque que les E commencent a avoir de la peine à affirmer leur condition de voyelle, tout comme le I qui commence à perdre pied, on commence alors à en douter. La pelouse fraichement tondue moisit au soleil et exhale un doux parfum de campagne. A l'intérieur, des gens se prennent en photo devant la réplique d'un tricératops qui a vraisemblablement habité les abords de l'autoroute il y a quelques 65 millions d'années..
Avant de continuer notre route vers l'Atlantique, nous nous arrêtons à la cafétéria. Bruno a pris une pizza, quelle erreur.  

Notre itinéraire n'étant pas des plus simples et mon GPS n'étant pas du tout à jour, nous nous perdons sur des routes départementales peuplées de vagabonds et de giratoires. Nous demandons notre route dans cet hotel. Des hommes ventripotents boivent de l'alcool sur la terrasse. Nous approchons. Ils nous regardent en silence. Nous passons à côté d'eux en les toisant furtivement et pénétrons à l'intérieur. Une charmante jeune fille aux cheveux décolorés nous reçoit et nous renseigne. Sur son comptoir, un dépliant de la fête médiévale du Puy du Fou. J'en prends un. Nous ressortons. Les hommes nous regardent toujours. En nous éloignant, nous sentons leurs yeux nous brûler le dos. Je me retourne, je prends cette photo, ouvre la voiture, nous sautons dedans et démarrons en trombe. 

De retour sur l'autoroute, l'essence finit par nous manquer. Nous nous arrêtons, Bruno fait le plein alors qu'un sentiment d'inquiétude nous envahit progressivement. Une mauvaise vibration.




Je me rends compte qu'il s'agit d'une camionette, stationnée devant l'entrée de la boutique, dont le moteur tourne à vide et vrombit des vapeurs d'huile de moteur arrivant jusqu'à nous. Les occupants ne sont pas là. Je me dis qu'ils doivent être très pressés. Deux jeunes hommes sortent de la boutique en traînant les pieds et en crachant par terre. Se sont eux. Ils boivent du café et fument devant leur camionnette allumée. Des familles passent. Tout le monde a l'air de trouver ça normal. Je me suis demandé si je devais les prendre en photos. En fait, je n'avais pas envie de les revoir. 

Le voyage que nous avons fait sur cette autoroute concentre un nombre incalculable de moments troubles. Je crois que je les aime. Tout comme j'aime le bitume, l'odeur de l'essence et la chaleur. La platitude des paysages qui bordent les autoroutes, les courbes absurdes qu'elles nous imposent et les traces de peintures sur le sol qui s'estompent avec le temps, parce que trop de gens ont roulé dessus. 

Quand nous sommes arrivés au bord de l'Atlantique. Nous sommes allés nous baigner. J'étais très content de sentir la moite sensation d'avoir le corps rempli d'air marin et de sentir le sable chaud se lover dans la courbure de mes pieds. Alors j'ai couru dans l'eau et j'ai plongé. Je ne savais pas que je plongeais sur un rocher qui m'a déchiré le ventre en deux. Comme une stigmate christique, je saignais. Je suis revenu sur la plage dégoulinant d'eau de mer et de sang. Les gens me regardaient.



   

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