jeudi, janvier 07, 2010

Perchette

Avant de partir au Brésil, je suis allé voir Perchette, une guérisseuse que ma mère connaît depuis longtemps.

Au début, j'ai fait semblant d'être un peu réticent, sans doute par fierté, puis je me suis doucement laissé convaincre d'y aller pour quelques douleurs récurrentes aux dos. En réalité, j'étais convaincu qu'elle allait percer mes secrets de santé les plus profonds et m'en guérir par une imposition de ses mains sur mon grand front. 

Je suis capable de croire qu'une montagne a une âme, que je peux communiquer avec un arbre (dans certaines circonstances) ou encore qu'un magicien n'a pas de truc. Par conséquent, aller voir une guérisseuse qui a déjà fait ses preuves sur plusieurs générations, c'est pour moi comme aller voir un oracle au temps des romains. 

J'étais fasciné d'avance.

Un matin, nous faisons donc route, en famille, pour le canton de Vaud. 
Ma mère nous a tous obligés à dormir à la maison pour être certaine de partir à l'heure. 
Perchette ne plaisante pas avec les horaires. Si on la met de mauvaise humeur, on craint qu'elle ne nous trouve des trucs horribles.

En arrivant, nous nous garons devant une boucherie. Nous restons pantois devant la vitrine du magasin. Un grand panneau indique qu'aujourd'hui c'est la journée du papet vaudois (oui, il y en a une). 
Après avoir acheté nos saucisses au chou, nous nous engouffrons dans une petite ruelle. 

C'est là que se cache l'oracle. 


Mes mains deviennent moites. 
Je les essuie sur mon pantalon et pousse la porte.

Nous entrons dans une cuisine. Poste de radio allumé. La 1ère. Ca sent le café.
Plutôt trivial.

J'entends des pas. Je ravale ma salive. 

Perchette est là, devant moi. 
C'est une vieille dame en surpoids, vêtue d'un training rose deux pièces. Elle me tend la main.
Mes yeux croisent les siens. Elle me transperce du regard. Je suis médusé. 
Je me dis: Elle lit en moi. 
Elle détourne ses yeux de désintérêt. 
Je respire, elle n'a rien dû voir de paranormal en moi. Je ne suis pas hanté par un de mes ancêtres ou habité par un ver sinueux de plusieurs mètres de long.

Je me lève respectueusement et la suis dans son antre. 
Son cabinet.

Elle me coupe une mèche de cheveux. 
La messe noire peut commencer. Ah non, elle sort son pendule et nomme mes organes un à un, à voix basse. 

- Rate, intestins, pancréas, reins, poumons, coeur... 

Ca tourne dans le bon sens apparemment.

Puis, elle me demande de m'allonger sur le ventre et se met de la crème dans les mains. 
Elle me masse vigoureusement le dos. 
Va-t-elle me remettre en place un nerf caché qui va changer mon équilibre mental et me propulser vers la félicité?

Elle me demande ce que je fais ces jours-ci. 
Je lui dis que je pars bientôt dans la campagne brésilienne.
Elle reprend un peu de crème et continue à me masser. Mon voyage n'a pas l'air de beaucoup la brancher.

Elle me tape sur l'épaule et me demande de rhabiller.

Je vais bien.

Avant de partir, Perchette me donne un conseil: 

Vous verrez, il va faire chaud au Brésil. 
Alors pensez à boire beaucoup d'eau. 

Je suis resté silencieux pendant le trajet du retour. 
J'ai longtemps médité sur cette étrange rencontre.

Je crois que ça m'a fait du bien.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

bonsoir j'ai rencontré dans les landes en france la personne dont vous parlez. Nous avons échangé une discussion, ses paroles m'ont beaucoup troublées,elle m'a parlé de votre blog, je n'ai pas eu le temps de lui demander son adresse, connaissez-vous ses coordonnées ? merci
biche64@sfr.fr