Je marche dans la forêt autour de la ferme dans laquelle nous avons dormi dans des tentes, parce que c'est plus sûr, même pour les gens du coin apparemment. Je n'ai pas trop posé de questions.
La rosée mouille mon pantalon et j'avoue que comme j'ai très peur des serpents, je regarde un peu trop mes pieds quand je marche. Ce qui mobilise mon ouïe davantage.
La rosée mouille mon pantalon et j'avoue que comme j'ai très peur des serpents, je regarde un peu trop mes pieds quand je marche. Ce qui mobilise mon ouïe davantage.
J'écoute les vocalises matinales des singes hurleurs disséminés aux alentours. L'un d'eux hurle spécialement fort, si fort que je me dis qu'il doit être en chasse et que oui, il va se la faire.
Alors que je continue d'avancer dans des herbes qui deviennent de plus en plus hautes, subitement les hurlements des singes cessent. Je considère rapidement que si j'ai peur parce que des singes arrêtent de hurler un matin, très tôt, quelque part sur terre, je ne suis pas arrivé.
Je continue à marcher en regardant prioritairement mes pieds, quand un son autrement plus intriguant venu de très loin caresse les lobes de mes oreilles. Je m'arrête et savoure ce crépitement d'huile de moteur et d'acier.
Un petit vent s'est levé. C'est une tronçonneuse.
J'oriente mes pas vers ce son qui me semble si lointain, comme un gourmet se lasserait guider par un fumet délicat.
Je me situe très loin de la ferme, je ne la vois d'ailleurs plus, ce qui me fait croire que je navigue sans filet. Quel courage.
Alors que je continue d'avancer dans des herbes qui deviennent de plus en plus hautes, subitement les hurlements des singes cessent. Je considère rapidement que si j'ai peur parce que des singes arrêtent de hurler un matin, très tôt, quelque part sur terre, je ne suis pas arrivé.
Je continue à marcher en regardant prioritairement mes pieds, quand un son autrement plus intriguant venu de très loin caresse les lobes de mes oreilles. Je m'arrête et savoure ce crépitement d'huile de moteur et d'acier.
Un petit vent s'est levé. C'est une tronçonneuse.
J'oriente mes pas vers ce son qui me semble si lointain, comme un gourmet se lasserait guider par un fumet délicat.
Je me situe très loin de la ferme, je ne la vois d'ailleurs plus, ce qui me fait croire que je navigue sans filet. Quel courage.
Le soleil s'est maintenant levé, mais pour l'instant, il se terre encore derrière une petite montagne, prolongeant les lumières de l'aube de quelques instants. Je ne connais pas le nom de ces deux hommes.
Quelque chose me dérange. Celui habillé en orange me semble rompu à son activité de découpe. Quelque chose de spécial. L'autre, habillé en vert, me semble flemmard.
Je les regarde longuement travailler.
Pour eux je n'existe pas, on s'est à peine dit bonjour. "Oï", en portuguais. On ne peut pas faire plus bref. Même fois trois, ça fait:
Je les regarde longuement travailler.
Pour eux je n'existe pas, on s'est à peine dit bonjour. "Oï", en portuguais. On ne peut pas faire plus bref. Même fois trois, ça fait:
moi: Oï.
Le mec en vert: Oï.
Le mec en orange: Oï.
D'autant que je ne sais même plus si le mec en orange m'a dit bonjour.
D'autant que je ne sais même plus si le mec en orange m'a dit bonjour.
Je me fonds au décor pour devenir de l'herbe ou un bout de montagne et commence à prendre quelques photos. Ce qui me demande d'être plus attentif à ce que je vois.
Et c'est précisément quand j'observe le mec en orange découper le bois avec une douceur que je ne connaissais pas que je trouve enfin ce que je n'arrivais pas à saisir en arrivant.On dirait qu'il le fait avec respect.
Du coup, ma perception change et le mec en vert ne le regarde plus avec flegme, mais en silence. C'est l'aube, ils découpent du bois. Pour eux ce n'est pas du respect, c'est une tâche régulière, qu'ils exécutent avec rituels et savoir-faire.
Quand on a pour culture l'industrie occidentale et qu'on voit le mec en vert et le mec en orange couper un arbre comme on coupe du beurre, le toucher comme on passe sa main sur un vieux meuble qu'on apprécie, le rouler dans de l'herbe grasse et matelassée, le découper avec calme, avant de le transporter à bras-le-corps dans la moiteur de l'aube...
Je me dis qu'ils n'en savent sans doute rien, mais ils respectent quelque chose de sacré.
Du coup, ma perception change et le mec en vert ne le regarde plus avec flegme, mais en silence. C'est l'aube, ils découpent du bois. Pour eux ce n'est pas du respect, c'est une tâche régulière, qu'ils exécutent avec rituels et savoir-faire.
Quand on a pour culture l'industrie occidentale et qu'on voit le mec en vert et le mec en orange couper un arbre comme on coupe du beurre, le toucher comme on passe sa main sur un vieux meuble qu'on apprécie, le rouler dans de l'herbe grasse et matelassée, le découper avec calme, avant de le transporter à bras-le-corps dans la moiteur de l'aube...
Je me dis qu'ils n'en savent sans doute rien, mais ils respectent quelque chose de sacré.
1 commentaire:
C'est si beau, je suis à ça - de craquer une larme...
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